- Cartonné: 48 pages
- Editeur : Dargaud (3 juin 2005)
- Collection : Isaac le pirate
- Langue : Français
Ce fut, éditorialement, l'un des moments forts de l'année. Cet Isaac a
de la consistance, un charme, une énergie, une émotion que l'on retrouve
dans peu de séries. Voici le deuxième tome d'Isaac, parti dans le grand
nord... L'état de grâce continue ! Cet album rend caduque par sa
facilité de lecture et son accessibilité, l'opposition entre BD
classique et moderne. Au XVIIIe siècle, les navigateurs partaient
parfois explorer les quatre coins de la planète (ronde, comme chacun le
sait !) et découvraient des régions jusqu'alors inconnues. Isaac,
peintre embarqué presque par hasard sur un navire contrôlé par des
pirates, n'échappe pas à cette incroyable découverte du monde. Après les
eaux chaudes des Caraïbes, le voici découvrant le grand nord et ses
icebergs terrifiants. Un voyage éprouvant pour tous les hommes du navire
à commencer par Isaac qui sera transformé par ces événements. Un
authentique récit d'aventure qui renouvelle les histoires maritimes. Le
Barbe-Rouge de ce nouveau siècle ?
L'air hagard, le visage figé par la glace, des marins embarqués à
bord d'un navire pirate dressent leur regard vers le ciel. Un
incroyable spectacle s'offre à eux : une aurore boréale. La stupeur le
dispute à la fascination. Si loin de chez eux, cernés par des icebergs
menaçants, ils ne savent ce que leur réserve le destin. Ils ont beau
être de fiers flibustiers, ils n'en sont pas moins des hommes de leur
temps, en proie à l'angoisse de la mort et aux mystères d'une nature
souvent hostile... À bord du navire, le peintre Isaac Sofer continue son
périple aux côtés du fier pirate Jean Mainbasse. Celui-ci est toujours
décidé à découvrir les terres inconnues situées "au sud du sud". Il a
besoin d'un chroniqueur, et Isaac est chargé de tenir ce rôle avec son
crayon et du papier. Mais le voyage est long, la fiancée d'Isaac est
restée à Paris, la nourriture est infecte et les îles gelées recèlent
d'étranges créatures... Avec ce second volet de la saga d'Isaac
Sofer, modeste peintre parti à la rencontre de son destin, Christophe
Blain confirme avec maestria tout son talent de dessinateur, de
scénariste et de dialoguiste. Il renouvelle avec bonheur le récit de
pirates et d'aventures. Ici, on est bien loin de
Barbe-Rouge et
des canons du genre. Pas de combats épiques, de héros inoxydables ni de
rebondissements feuilletonnesques. Le héros s'interroge sur son devenir,
parle de philosophie avec les marins du bord et se demande s'il est
taillé pour ce genre de périple, lui qui n'aspirait qu'à rester dans son
atelier pour travailler sa peinture. Surtout, le trait de Blain est un
ravissement permanent. Il possède un authentique coup de crayon,
nerveux, hachuré, diablement vivant. Chez lui, les maisons, les rues,
les visages ou les objets sont tordus, bancals, incertains, comme ils le
sont dans le quotidien. Loin de ces graphismes qui se veulent réalistes
alors qu'ils n'ont à offrir qu'une pâle imitation de la vraie vie. Et
puis, l'aventure d'Isaac n'a rien d'une geste excessivement héroïque :
le personnage trimballe ce qu'il faut de doute et d'inquiétude pour
convaincre le lecteur. Et les couleurs, enfin, ravissent l'œil. Traitées
en aplats, tour à tour vives ou nuancées, leurs dominantes de brun, de
bleu et de vert sont pour beaucoup dans la fascination visuelle exercée
par cet album. Attention : une série majeure est en train de s'élaborer
sous nos yeux...
--Philippe Actère
Quatrième de couverture
"Tu dois voir ça de près. Si on en réchappe, tu t'en souviendras bien pour le peindre.
Biographie de l'auteur
Christophe Blain est un dessinateur et scénariste de bande
dessinée. Prolifique, il a à son actif de nombreuses publications,
telles que Gus, Socrate le demi-chien ou le très célèbre Quai d'Orsay.
Il a également reçu de nombreux prix, comme celui du meilleur album du
festival d'Angoulême de 2002 pour le premier tome de Isaac le pirate,
paru dans la collection Poisson Pilote. Christophe Blain naît en 1970 et
se met à dessiner très vite. Mais pas de BD : pour les cases et les
bulles, il a la flemme. Et il ne compte pas en faire un métier : "j'ai
toujours dessiné, mais ça me semblait inaccessible. Les choses que
j'aimais, j'imaginais à peine qu'elles étaient faites par des humains."
Donc il essaie d'autres voies. Par exemple, trois semaines en fac de
droit. Ça lui apprend au moins une chose : c'est "trop chiant" et le
dessin est décidément la belle solution. Mais toujours pas la BD. À 17
ans, après avoir passé son enfance à potasser Lucky Luke et Tintin, il
se détourne de la BD pour s'intéresser à la peinture. En 1989, il entre
dans une école genre "arts appliqués". À l'époque, c'est très chic
d'être directeur artistique dans la pub. Lui, il veut être dessinateur
dans la presse et l'édition. Son prof lui demande : "Et tu veux faire
barman le jour ou la nuit ?" Bref, il se fait virer. Puis, il passe un
an aux Beaux-Arts de Cherbourg, immergé dans l'art contemporain
"méchant", les sculptures conceptuelles et les mémoires sur Warhol ou
Boltanski. Lui, ce qu'il aime, c'est Picasso, Lautrec, Bonnard, Serov,
Repine, Gustave Doré et Daumier. En 1991, il part à l'armée avec l'idée
d'en tirer un carnet de voyage sur la vie des troufions. Il se retrouve
matelot. Comme Guibert dans Le Réducteur de vitesse, il est tout le
temps malade, et comme Isaac sur son bateau pirate, il dessine tout ce
qu'il voit. Il en ressort avec Carnet d'un matelot. (Le musée de la
Marine est son musée préféré.) En 1997, il part sur une base
scientifique au pôle Sud, en Terre Adélie. Il y vit un rêve de gosse :
des camions, un hélicoptère et des manchots partout, comme des poules
dans une basse-cour. Il en revient avec Carnet polaire. Entre-temps, sa
rencontre avec Joann Sfar, Lewis Trondheim, David B. et Émile Bravo à
l'Atelier des Vosges, lui a (enfin) donné envie de faire de la BD. Ils
ont la même manière d'envisager le récit : l'intimisme et les
complexités humaines glissés dans un cadre épique : ça devient presque
une école. En 1999, après avoir dessiné sur les scénarios de David B.,
Sfar et Trondheim, il se met à écrire des histoires — l'une de ses
préoccupations majeures étant: "Qu'est-ce que c'est, un mec bien?". Et
il a le sens de l'émotion: à la fin du tome 2 d'Isaac le pirate, il tue
Henri son personnage préféré. "Il fallait parce que si on tue quelqu'un
dont on se fout, tout le monde s'en fout". Pour la suite de l'histoire,
il hésite. "Quand j'ai commencé, je savais qu'Isaac allait revenir.
Maintenant, je ne sais plus. Je veux qu'il continue le voyage, c'est
tout." Et tout ça lui réussit : il récolte le Prix du meilleur album
d'Angoulême en 2002 pour le premier tome d'Isaac le pirate. Ainsi,
Blain continue de voyager pour recevoir les nombreux Prix qu'on lui
décerne partout dans le monde, à Montreuil, Brive, Genève, Angoulême,
Saint-Étienne, Vincennes, etc. Il poursuit Isaac le pirate aux éditions
Dargaud (5 tomes à ce jour), et se destine à d'autres carnets de voyage.
Dans la même collection, (« Poisson pilote »), paraissent les 3
premiers tomes de la série Socrate le Demi-chien et également les 3
premiers tomes de son autre série, Gus. En 2008, Blain s'essaie à la
réalisation avec le clip vidéo du single Comme un manouche sans guitare
de l'album éponyme de Thomas Dutronc. Il est également l'auteur de
l'affiche du film Tournée de Mathieu Amalric en 2010. Il crée l'émoi
dans toute la France avec son album Quai d'Orsay, en 2010. Aidé d'Abel
Lanzac pour le scénario, ce dernier lui confie ses expériences au
Ministère français des Affaires étrangères lors de l'ère Villepin, que
Blain va retranscrire avec humour dans cette oeuvre originale. En 2011,
il réalise les illustrations de l'album "Je suis au paradis" de Thomas
Fersen et nous offre la suite de Quai d'Orsay. En 2013, Quai d'Orsay
reçoit le prix du meilleur album lors du festival d'Angoulême, et un
film adapté de la bande dessinée est prévu pour 2013.
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